Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et c’étaient des étalages de dentelles, de galons, de broderies, une bimbeloterie au milieu de laquelle les belles dames de la Fronde promenaient leurs doigts frémissants d’acheteuses, tandis qu’à l’intérieur se développait la force de ce corps formidable : le parlement de Paris.

Henriette s’exaltait dans la rêverie. La longue façade aux rangées de fenêtres régulières avait ici un renflement, et la tour de César, ronde, « moyen-âgeuse », avec les créneaux, la poivrière et l’épi, rompait la monotonie des bâtiments où siège la cour de cassation. Enfin le portique ogival de la Conciergerie apparaissait, très noir, enfoncé entre les énormes tours gothiques qui le flanquaient à droite et à gauche, massives comme un ouvrage de fortification, avec leur rondeur archaïque, leurs croisées étroites percées en meurtrières, leur aspect de geôle, — la sinistre tour de Bon-Bec, où l’on infligeait la torture, et la tour d’Argent

Alors Henriette revoyait toute l’histoire de cette vieille puissance judiciaire, cette magistrature antique, ces ancêtres de nos juges modernes, avec leurs abominations, leur turbulence politique, leur grandeur, la rivalité qui les faisait éternels adversaires du pouvoir royal, leur dignité majestueuse, sous le mortier de président ou l’hermine de chancelier Puis, c’était, à côté, la vigoureuse poussée de la confrérie de saint Nicolas, l’ordre des avocats et des procureurs, l’Ordre tout court,