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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/157

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au fond, allégé par l’élévation de son escalier monumental, avec son portique aux quatre colonnes froides et nues, son frontispice grec, ses statues mythologiques et son dôme lourd, le corps principal du Palais s’ouvrait par trois portes géantes. Dominant le tout, aérienne, envolée vers l’azur, la Sainte Chapelle apparaissait comme une cathédrale de rêve. Des pinacles, posés sur des contreforts, hérissaient son pourtour. Des gargouilles, tendant leur col hardi de chimères, s’étageaient du haut en bas de ces contreforts. Le toit montait en pente audacieuse, jusqu’au faîte garni d’orfèvrerie ; la flèche s’élançait d’un jet, fuselant encore les formes gracieuses du monument. Et la chapelle s’élevait ainsi, étroite, mystérieuse, sans un arc-boutant, sur des assises invisibles, comme soutenue par sa propre légèreté.

Henriette avait le cœur battant. Elle hésita, une seconde. Puis l’attrait fut trop vif : elle traversa la cour, gravit l’escalier, pénétra dans la galerie marchande.

Il y avait encore foule dans la salle des Pas-Perdus. Elle poussa l’un des vantaux, ne voulant parler à personne, décidée à ne pas s’attarder, à respirer seulement une bouffée de cet air spécial du Palais qui manquait à sa vie. Après sa longue réclusion, ses trois mois de solitude, le grouillement de tout ce monde lui causa un vertige : elle ne vit que le papillotage des rabats légers parmi les robes noires, et le grand mouvement de va-