Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/160

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est-il de faire triompher la justice, ou bien notre client ? Éclairons-nous Le tribunal, où cherchons-nous à l’aveugler ?… Tenez, ce même Clémentin à qui chacun jette la pierre parce qu’on l’a découvert embourbé dans un vilain monde, — en faveur duquel il ne plaidait d’ailleurs pas en d’autres termes que vous ou moi., — je l’ai vu parfaitement honorable, la semaine dernière, se présenter devant la cour, où il était appelant, pour une vieille affaire de créance au nom de cette dame Gévigne que nous connaissons tous ici. Ma chère, la question était si claire qu’un de mes enfants l’aurait facilement résolue. La dame réclamait six mille francs à un particulier ; mais, la presque totalité de la créance ayant été cédée à une société de voitures en faillite, dirigée par l’individu, la plaideuse venait en même ligne que les créanciers pour réclamer sa part au marc le franc. Eh bien, j’ai vu Clémentin ergoter pendant une heure devant le président Erambourg, sur une lettre dont il est arrivé à dénaturer complètement le sens. Tout le monde disait qu’il était très fort. Nul n’a songé à s’offusquer. On ajoute même que Fabrezan lui a soufflé ses meilleurs arguments. D’ailleurs, il a gagné son procès.

Henriette restait songeuse. Elle n’avait pas le scepticisme résigné de son amie.

— Moi, disait-elle enfin, je crois toujours aux causes que je défends.

— Vous vous suggestionnez, parce que vous