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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/161

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avez une belle petite âme enthousiaste, chère amie. Je n’en puis, hélas ! dire autant. Je fais mon métier comme je peux, comme tout le monde, en mettant quelquefois une cloison étanche entre ma conscience et mon cerveau. Tenez, on parle beaucoup, en ce moment, de cette jeune femme que vous voyez là-bas monter l’escalier de la galerie carrée, en compagnie d’un monsieur. C’est madame Mauvert, la femme d’un honnête négociant du Marais qu’elle a lâché avec quatre petits enfants pour suivre Sylvère, Georges Sylvère, le jeune portraitiste à la mode, Sylvère a beaucoup d’amis au Palais, et, comme la dame est à la veille d’intenter reconventionnellement une action en divorce, il faut voir tous mes confrères tourner autour d’eux, comme des bêtes de proie qui flairent la décomposition. C’est à qui leur fera des coquetteries. J’en connais, de nouveaux mariés, qui envoient leurs jeunes femmes de vingt ans en visite chez le faux ménage. Que pensez-vous, chère amie, de cette épouse peu recommandable, laissant à l’abandon ses quatre petites filles, un mari parfaitement honnête ? Mais, surtout, que pensez-vous des avocats qui font des bassesses pour obtenir de défendre devant le tribunal, au profit de la vilaine dame et au préjudice de l’honnête marchand, les droits souverains de la passion ? Au fond, je trouve que madame Mauvert mériterait d’être fouettée ; cependant, je sais bien que, si elle me confiait son