Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

procès, je présenterais à la barre son apologie.

Elle riait d’un rire un peu triste, subissant avec sa douceur coutumière, sans essayer de se donner le change, la laideur du monde. Mais la rêveuse Henriette demeurait troublée ; elle restait sans répondre, suivant des yeux la très élégante silhouette de femme qui disparaissait là-haut, à l’entrée de la galerie carrée. À la fin, elle dit seulement :

— Mon mari m’a souvent parlé de Sylvère comme d’un bon camarade ; même, il projette toujours de lui commander mon portrait…

Subitement, elle tressaillit. Elle venait d’apercevoir Fabrezan en compagnie d’Alembert. Mais à peine reconnaissait-elle le brillant ingénieur dans cet homme las, aux cheveux grisonnants, que le chagrin ravageait. Le bâtonnier lui avait pris le bras, paternellement : Alembert, semblait dans une heure de découragement absolu. Henriette le savait : ils parlaient de l’enfant. Sans qu’elle eût entendu un seul mot du père, elle devinait son éternelle lamentation, et, dans sa sensibilité de femme, elle eut une pitié profonde pour ce garçon sympathique et léger, déjà si terriblement puni, et qu’elle comptait bien charger encore en plaidant. Un premier doute frôla son âme d’avocate. Cette petite Martinal vous déprimait en vous désabusant

Mais déjà la veuve s’occupait d’autre chose. Elle disait :