Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ah ! pauvre Louise Pernette !…

— Pourquoi « pauvre Louise » ? interrogea Henriette.

— Ma chère, regardez un peu Isabelle Géronce contre la porte des référés.

Il y avait, à cette heure, une telle affluencedans la salle des Pas-Perdus, la procession des robes judiciaires était si animée, si compacte, qu’Henriette eut peine à découvrir l’avocate, d’autant que ses yeux s’égarèrent, un moment, à suivre la mimique d’un dialogue engagé entre deux célèbres procéduriers, Blondel et Lamblin, adversaires dans une affaire civile, et dont la voix dominait par instants la grande rumeur de marée. Quand son regard eut enfin rencontré la professionnelle beauté de l’Ordre, elle vit en même temps Maurice Servais qui l’écoutait de son air timide et inspiré de grand enfant génial. Alors madame Martinal lui raconta le caprice que l’ami de Louise avait inspiré à la superbe femme. Celle-ci ne s’en cachait point, montrait ouvertement son goût pour lui, allait l’entendre quand il plaidait, le complimentait avec ostentation, le happait dans les couloirs pour un bout de causerie, plaisantait, de-ci, de-là, son sort d’éternel fiancé réduit aux rendez-vous de la galerie Saint-Louis, sous la surveillance d’un municipal.

Henriette l’observait maintenant. Sa toge noire la drapait comme le lin aux mille plis des statues fameuses. La toque surmontait les torsades