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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/165

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qu’il lui avait donnés, la malheureuse n’avait pas immédiatement recouru aux moyens judiciaires pour obtenir une pension du père de son enfant. S’accordant toujours de nouveaux délais, elle avait lentement épuisé les quelques billets de cent francs qui lui restaient encore, tout en se perdant les yeux à faire au crochet des parures pour la lingerie, qu’elle vendait trente sous à une dentellière de la rue Saint-Honoré. Puis le moment était venu où, malgré sa parcimonie, elle arrivait aux dettes : alors elle s’était décidée et sa demande était depuis quelques jours entre les mains d’un avoué. Mais Fabrezan la gourmandait un peu rudement d’avoir attendu l’été, la veille des vacances, pour intenter le procès, ce qui la condamnait à de longues semaines de misère, jusqu’au jugement.

Comme elle se justifiait de son mieux, alléguant l’espoir qu’elle avait eu de gagner quelque argent, tout à coup Fabrezan eut un geste de satisfaction : il avait aperçu madame Martinal, à côté d’Henriette, sur le banc. C’avait été pour lui un trait de lumière. Et, entraînant son interlocutrice, il venait maintenant aux deux amies, ses grandes manches envolées, ses larges souliers glissant sur les dalles. La jeune femme le suivait en l’écoutant. Elle était délicate et simple, avec de longs yeux bleus caressants sous ses bandeaux de brune.

D’abord il s’informa de Vélines, des petits Martinal, en bon père de famille qui voudrait voir