Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/166

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toute sa maisonnée heureuse. Puis, s’adressant à la veuve, il lui présenta madame Faustin, dont il dit la situation.

Son esprit ingénieux s’était complu à cette opposition des deux femmes si pareilles, et cependant si différentes, toutes deux livrées à elles-mêmes, isolées dans la bataille de la vie, également dépourvues du soutien de l’homme, ayant les mêmes responsabilités maternelles, et dont l’une triomphait pourtant, victorieuse du sort, ayant reconstruit son foyer par ses propres moyens, tandis que l’autre, incapable d’exister seule, naufragée, dépendait du secours de tous, tendait la main, appelait à l’aide.

— Vous vous entendrez merveilleusement toutes deux, leur disait Fabrezan, tandis que par discrétion Henriette s’était écartée. Votre destin fut à peu près le même… Madame Martinal sera enchantée de vous consacrer tout son dévouement, toute sa bonté. Elle vous comprendra mieux qu’un homme ne l’eût fait Vous trouverez en elle plus qu’un conseiller : une amie.

Les deux jeunes femmes se considérèrent, un moment. Leurs yeux qui avaient tant pleuré se pénétrèrent, et il sembla qu’en une seconde tout leur passé se réveillait. Elles ne dirent rien, tout d’abord, et, d’instinct, leurs mains s’étreignirent. Madame Martinal, à la fin, murmura :

— Racontez-moi tout…

Fabrezan les regardait, souriait. Il trouvait le