Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/167

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contraste joli, ravi d’avoir provoqué cette rencontre, et il les laissa causer à l’aise, prit une dragée dans sa bonbonnière, gagna la porte, un peu ému. Mais là, il rejoignit Henriette et l’interpella :

— Ma petite madame, savez-vous à quoi je pense ? Je pense qu’au barreau, dans certains cas, quand il s’agira, par exemple, de réconforter de pauvres jeunes femmes, vos sœurs, vous nous rendrez toujours des points.

— Je ne vous le fais pas dire, monsieur le bâtonnier ! s’écria Henriette, glorieuse.

Lui s’en allait à son cabinet du secrétariat de l’Ordre ; elle se pressait de rentrer, songeant à son mari. Galerie Duc, ils se séparèrent.

Mais voilà que, dans le grand couloir pareil à un cloître de couvent, s’avançait une jeune avocate à la démarche légère et dansante, si fine sous l’ampleur de l’accoutrement judiciaire qu’elle venait sans bruit sur les dalles. C’était Louise Pernette, plus élancée que jamais, le rire éteint, amaigrie, les lèvres d’un rose pâle d’anémique.

Elles ne s’étaient pas vues depuis longtemps : elles s’attardèrent ensemble.

— C’est vrai, disait Louise, j’ai été un peu souffrante : la chaleur se supporte mal, l’été, à Paris ; puis je travaille beaucoup. C’est dur de vivre… J’ai une grosse affaire, la semaine prochaine, et ma cliente m’assomme.

— Pauvre petite amie ! je vous souhaite du courage.