Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/169

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— Ma pauvre petite, c’est moi qui fus coupable. Elle s’étonnait, l’interrogeait de ses yeux gais,

grands ouverts. Il reprit :

— Oui, oui, j’ai mal agi envers toi : je t’ai gardée ici, je t’ai occupée quatre longs mois de ma personne, accaparée, emprisonnée Je ne suis qu’un égoïste. C’était si bon de t’avoir sans cesse à moi, de laisser bercer ma faiblesse par tes chères mains, de t’avoir toute ! Et j’ai oublié tes goûts personnels, ton amour de la profession, ton plaisir. Le Palais t’a manqué. Tu as souffert, et tu ne le disais pas ! Il fallait te plaindre, Henriette : je serais demeuré tout seul, tu te serais remise aux affaires : moi je n’y ai pas pensé.

— Mais non ! s’écria-t-elle en se jetant à son cou ; pouvais-je souffrir près de toi ? pouvais-je m’ennuyer ? Les semaines de ta convalescence ont été au contraire exquises, mon ami chéri. Est-ce que je ne t’aime pas ?

Il la prit aux épaules, la tint devant lui longtemps, la dominant de sa haute taille, la regardait avec une expression d’amour infini. Il eut un léger soupir, qu’elle ne remarqua pas, et dit :

— Ma chère petite fille, tu retourneras au Palais, demain, tous les jours.