Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/17

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droit romain. Justinien, les Pandectes et Napoléon !

La lèvre rasée d’André Vélines eut un sourire de vanité satisfaite :

— Elle le peut, grand mère ; et c’est justement de ne paraître pas le pouvoir qui fait son charme extrême.

Il eut un frémissement qui n’échappa nullement à la grand mère. Elle admirait trop ce robuste garçon, qu’elle avait suivi pas à pas depuis l’âge de cinq ans, pour ne pas s’enorgueillir de cette belle passion ardente et digne qu’elle voyait croître en lui. Ah ! ce n’était pas un amour vague, vulgaire ou frivole qui liait son grand avocat de petit-fils à la fille du président Marcadieu. André serait unique, singulier, et remarquable jusqu’en sa vie sentimentale. Cela ferait un mariage fameux dans la magistrature et dans le barreau. Malgré ses idées un peu bornées de vieille provinciale, il ne lui déplaisait pas non plus que la femme d’André fût une personne sortant du commun autant qu’Henriette Marcadieu, non pas seulement par sa naissance, mais par sa masculine profession.

André Vélines, d’un geste familier, remonta les manches de sa robe : sa manchette apparut, avec la perle du bouton. Il avait posé sa serviette sur le rebord de la balustrade en marbre lisse ; il s’y appuya des deux mains :

— Henriette Marcadieu est très forte ; elle me ravit parfois, à citer des textes, ou bien des arrêts