Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/18

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de la cour de cassation ; mais elle n’est point la seule, grand’mère. Nous avons une dizaine de femmes inscrites ; et, parmi elles, la vieille Angély, la fondatrice de l’Euvre des Petits Déshérités, l’oracle des stagiaires, cette ancienne qui ne plaide pas, mais dont le jugement est si pénétrant, la science du droit, qu’elle enseigne dans les lycées de filles, si parfaite, et le conseil si sûr, que des avocats, clandestinement, vont la consulter dans son étroit appartement de la rue Chanoinesse. Il y a aussi trois petites stagiaires instruites et spirituelles, qui promettent ; il y a une certaine dame Clémentin dont je ne dirai pas grand chose, mais à qui les causes arrivent pourtant, la femme d’un confrère, d’ailleurs. Puis une admirable créature, la malheureuse Martinal, une jeune veuve chargée d’enfants qui trime à faire pitié ; puis la grande féministe madame Surgères ; puis l’avocate amateur madame Debreyne, et enfin la belle Isabelle Géronce, la merveille de l’Ordre, mariée à un chirurgien… Elle plaide, en ce moment, aux assises, grand’mère, dans une affaire d’infanticide voulez-vous que nous allions tout à l’heure jeter un coup d’œil sur la salle et sur cette magnifique personne qui subjugue, par son physique, les honnêtes bourgeois du jury ?

Mais madame Mansart, poursuivant sa pensée :

— Déjà, tant d’avocates !… Alors, mademoiselle Marcadieu n’est plus une exception ?… Il