Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/171

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Le temps fut clair d’abord. Un soleil d’automne illuminait la salle sombre qui ressemblait à un salon, avec son plafond lointain, ses boiseries sévères, la tapisserie verte des murailles, et quelques toilettes tapageuses dans l’auditoire. C’était cette grand’chambre du parlement où les rois de France avaient tenu leurs lits de justice : la chambre des plaidoiries, si étincelante des ors de son plafond — culs-de-lampe ciselés, pendentifs semblables à des blocs d’orfèvrerie — qu’on l’avait surnommée la Chambre dorée. Elle rappelait la légende du jeune Louis XIV y entrant tout botté pour la chasse, la cravache à la main, et à la bouche, sa cinglante harangue aux conseillers lais et clercs d’alors. Et c’est dans le coin de gauche, où s’ouvre aujourd’hui la salle du conseil, que les vieilles estampes montrent Louis XV trônant en grande pompe, des dames à ses pieds, pareilles à autant de Pompadours.

Maintenant l’hémicycle du tribunal mange plus qu’à demi la première chambre. Les murs sont dégarnis des tableaux d’autrefois. Des filets d’or au plafond dessinent dans les caissons de larges étoiles. Les trois fenêtres dominent la cour de la Conciergerie, et l’on respire toujours dans cette enceinte une atmosphère de grandeur historique.

Au début de l’audience, on plaida une affaire ennuyeuse : un particulier contre la Compagnie du gaz. Soudain, il y eut une grande émotion : le bruit courait qu’Alembert était là. On vit des