Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/172

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chapeaux décrire une volte-face vers la porte et les chuchotements s’élevèrent si haut que le président, un homme jeune, à la barbiche blonde, dut commander le silence. Mais les indiscrets furent déçus. Plusieurs journalistes se tenaient debout, au bas de la salle, et c’était l’un d’eux, mince, à la chevelure opulente, qu’une ressemblance vague avait fait prendre pour l’ingénieur. D’ailleurs, des gens arrivaient sans cesse. Il y eut bientôt une foule compacte piétinant dans la partie réservée au public. On se glissait le long des couloirs latéraux, on s’évertuait à s’approcher du prétoire, de la barre surtout

À midi et demi, un vieil avocat, chargé de sa serviette, entra et bouscula un peu les gens pour se frayer un passage. Il était grand, d’une puissante stature, avec de larges favoris blancs autour de son fin visage. C’était Fabrezan : les dames se le nommèrent ; il y eut un frémissement. Il alla s’asseoir lourdement derrière l’orateur qui parlait à cette minute. Tous les yeux s’attachèrent à lui. On vit ensuite arriver une avocate en qui les profanes crurent reconnaître madame Vélines. Mais on se trompait : celle-là ne plaidait jamais ; on ne la voyait au Palais qu’aux jours de galas judiciaires C’était madame Debreynes, une femme du monde chez qui c’avait été un caprice, un genre, que de faire son droit et de prêter serment, pour le plaisir de porter la robe en public, d’avoir son portrait dans les journaux, d’appeler Terni-