Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sien « mon cher confrère ». Elle en était encore à jouir du petit mouvement de curiosité qui se manifestait dans un auditoire quand elle le traversait avec sa grâce parisienne, nu-tête, la toque à la main, gentiment poseuse, toujours à l’affût, de quelque photographe posté dans la salle.

Mais de nouveau la porte se rouvrit, et il y eut un petit murmure d’admiration. Maurice Servais précédait dans la foule Isabelle Géronce, et cette belle femme, vêtue de lustrine noire, qui s’avançait tranquillement, regardant de droite et de gauche, saluant de la main une amie, souriant à une autre, faisait figure si singulière dans la chambre austère où l’on cherchait la Justice, qu’il y eut un étonnement.

Puis d’autres avocates survinrent : mademoiselle Angély, en violet, suivie de Jeanne de Louvrol et de Marie Morvan ; elles s’assirent au banc des stagiaires, madame Clémentin arriva, de plus en plus assidue au Palais depuis que son mari, rayé de l’Ordre, avait pris un cabinet d’affaires. Et ce fut ensuite madame Martinal, haletante d’avoir couru. De chaque enté de la barre, le banc était occupé : il fallut que plusieurs jeunes avocats se levassent pour céder leur place à ces dames. Derrière le greffier, les chaises des sténographes étaient prises. À la barre, l’avocat de la Compagnie du gaz s’éternisait. Le petit monument gothique de l’horloge marqua une heure. Le battant du tambour fut poussé, là-bas,