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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/175

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sous le front obstiné de cette tendre compagne, un domaine indépendant qui lui était fermé, et. l’aimant avec tant de passion, il en avait parfois un peu de chagrin, car lui se dévoilait à elle, sans une arrière-pensée. À présent n’allait-elle pas être punie de ses réserves ? Et il était obsédé par la crainte qu’elle ne demeurât court à la barre. Cependant, depuis leur retour d’Uriage, en septembre, elle avait bûché comme un homme, passant ses soirées à récrire sans cesse, une fois de plus, sa plaidoirie, — toujours secrètement, d’ailleurs, avec la terreur que son mari ne s’immisçât dans son travail. — Ah ! si seulement lui, Vélines, avait eu la liberté de la diriger, de lui montrer le nœud du procès !… Et il voyait la magnifique défense à présenter dans une affaire aussi brillante.

— Aujourd’hui nous restons debout, dit Servais, en montrant la brochette d’avocates alignée au banc des stagiaires.

— Oui, répondit Vélines, s’efforçant de plaisanter, place aux femmes !

Ils étaient là massés derrière la stalle du substitut, une dizaine de confrères représentant le jeune barreau. André considérait sa femme qui vérifiait l’ordonnance des pièces de son dossier. Elle était si défaite, si tremblante, qu’il en eut pitié. Il se souvenait comment, avant de quitter la maison, elle s’était jetée dans ses bras en avouant qu’elle avait peur. Elle était si fatiguée ! D’ailleurs,