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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/178

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Dès lors, il eut la partie belle. Tout ce début avait été dit doucement, comme sans nulle recherche. Au fond, il connaissait la gamme de tous les effets, et il en jouait avec son habileté de prince de la parole. Maintenant, il quittait la barre, s’avançait sur le tapis bleu du tribunal, à l’aise jusque dans le prétoire même. Sûr de son droit, il avait en lui quelque chose de victorieux qui semble miner d’avance tous les arguments de l’adversaire. « Eh ! non, l’on ne pouvait s’apitoyer sur le sort de la divorcée qui avait elle-même requis le divorce. Et pourquoi l’avait-elle requis ?. » Alors le récit du premier procès lui revenait aux lèvres. Insidieusement, il faisait ressortir l’intraitable sévérité de l’épouse. Et il s’approchait des juges avec cette mimique amusante qui constituait une de ses ressources, pendant que d’une voix assourdie on l’entendait dire, confidentiellement :

— Elle fut orgueilleuse, messieurs, elle fut dure…

Puis la faute du père fut rappelée, atténuée, diminuée, si puérile qu’elle n’apparaissait plus qu’un enfantillage d’homme charmant et léger. Et toute la salle était sans un souffle. Le srénie du vieil homme éclatait dans cette cause sentimentale, plus encore qu’en un procès d’affaires. Lorsque André Vélines jetait les yeux sur le public, il voyait cette masse profonde de visages ton lus, multipliés jusqu’à la porte, jusqu’au