Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/179

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groupe de jeunes gens juchés sur le poêle, au fond : tous montraient cette transfiguration qui marque un intérêt brûlant tous avaient le petit frémissement de l’enthousiasme. Fabrezan était un grand artiste. Lui seul existait dans l’audience. Sa personnalité l’emplissait toute. Et Henriette Vélines, assise à son banc de défense, était écrasée, anéantie. Son mari la regarda, et un violent regret le poignit : n’aurait-il pas dû être là, lui, au lieu d’elle, prêt à répondre à l’homme célèbre ?… Et des réfutations lui montaient aux lèvres, abondamment.

Désormais le bâtonnier était tout à son client : il le dépeignit sous les traits d’un savant pensif, à l’esprit réfléchi, au jugement droit, aux décisions sûres. Une défaillance d’un moment ne prouverait jamais contre l’élévation d’un tel caractère. Et les grandes manches de Fabrezan se soulevaient quand il s’écriait :

— Cet homme a expié sa faute en perdant la compagne qu’il aimait. Le tribunal voudra-t-il l’accabler en lui retirant jusqu’à sa paternité ?

Puis il en arrivait au vif du procès :

— Parlons de l’enfant, messieurs, de l’enfant qui doit vous intéresser uniquement, puisque vous ne devez avoir en vue que son seul bien. Il ne s’agit pas de punir terriblement un malheureux père pour une faute anodine. Sommes-nous ici en correctionnelle ? Parlons de l’enfant.

Et il le dit d’une sensibilité féminine, petit