Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/19

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faut donc admettre ces étranges femmes : elles sont en pied ici, ce sont les Dames du Palais.

— Pourquoi pas ? réfléchit tout haut André Vélines. Les femmes sont souvent singulièrement douées de l’esprit des affaires. Elles font d’habiles et solides commerçantes. La clairvoyance, la précision, la subtilité, tout le talent de l’avocat est là les femmes possèdent parfois ces facultés aussi vives que nous.

Madame Mansart méditait gravement sur un état de choses si nouveau pour elle. Mademoiselle Angély l’occupait particulièrement. Cette vieille fille, de qui les hommes recherchaient l’avis, lui apparaissait comme un phénomène. Elle souhaitait la connaître, s’en faisait une idée imposante, et aussitôt, rien que d’imaginer une femme qui lui fût supérieure, elle eut une moue impertinente. En même temps, son petit-fils lui disait :

— Regardez, grand’mère, voilà mademoiselle Angély.

Une grosse dame poussait, en bas, un des battants de la porte vitrée. Malgré le mois de novembre assez froid, elle ne portait pas de manteau sur sa robe de drap violet qui serrait mal ses formes lourdes. Elle avait la démarche pesante, les joues pâles et molles, un chapeau démodé. Quand elle eut fait quelques pas, il y eut autour d’elle, dans la foule, un léger mouvement de déférence. On s’arrêtait, on se détournait, on