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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/181

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émotions réprimées jusque-là éclatèrent dans le public pendant que la chambre se vidait. Fabrezan avait coiffé sa toque garnie d’épingles et se bourrait les joues de croquignoles. On vit Henriette Vélines se lever, s’approcher du bâtonnier. Ils échangèrent quelques mots. Elle était blême, éteinte, essoufflée. Lui souriait en s’épongeant le front. En même temps, la figure chafouine de maître Blondel, au nez pointu entre deux houppettes de favoris blancs, s’approcha. Ce furent des salamalecs entre les vieux hommes. Puis avocats et avocates, traversant la salle, gagnèrent celle des Pas-Perdus, se mêlèrent à la cohue. On parlait bas dans chaque groupe. Évidemment, Henriette était l’objet des conversations. On la jugeait en posture désespérée après cette flambée d’éloquence que Fabrezan avait eue là.

— Pauvre petite Vélines ! disait madame Martinal, c’est fou d’avoir accepté une cause pareille !

— Peuh ! si elle voulait gagner, déclarait Isabelle Géronce, ça serait facile : le bonhomme Castagnac est creux comme une courge.

Et l’on ajoutait :

— Où est-elle la petite Vélines ?

Tous les visages affichaient des condoléances. Agacée, Henriette venait de quitter les Pas-Perdus en compagnie de son mari. Ensemble ils allèrent au bureau télégraphique. Il était encombré de robes judiciaires. Elle dut attendre long-