Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/182

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temps la communication pour donner, par téléphone, un encouragement à madame Marty. André, debout à côté d’elle, ne lui parlait pas. Appuyé à la fenêtre qui domine la cour de Mai, il tapotait un air aux vitres. Elle avait envie de pleurer ; lui, de l’emporter loin d’ici.

Enfin, dans la cabine téléphonique, un drelin strident retentit. Vélines, au dehors, distinguait la voix assourdie de sa femme et ses phrases coupées :

— C’est vous, Suzanne ?… Ayez confiance en moi : je vous promets tout mon effort… Oui, l’adversaire a presque fini. Avant une demi-heure, ce sera mon tour… Je vous certifie que tout va bien, quoique l’adversaire ait eu beaucoup de talent. Mais moi, en ce moment, c’est vous-même. Oui, oui, et plus que je ne puis vous l’expliquer ici… Plus tard, vous saurez…

À trois heures, l’audience reprit. Ce fut un engouffrement bruyant dans la première chambre. À la porte, deux municipaux exigeaient des cartes. Le temps s’était couvert : les cinq lampes, pareilles à cinq chapeaux lumineux posés sur de minces tiges de cuivre, s’allumèrent au fond du prétoire. La salle s’était métamorphosée en un sanctuaire tiède, recueilli, où l’on venait s’enfermer avec bien-être en cette fin d’après-midi d’automne. Et l’attente d’une émotion nouvelle ajoutait un surcroît à l’aise générale.

Quand tout fut en place. Fabrezan reprit sa