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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/183

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plaidoirie au point où il l’avait laissée. Il ouvrit son dossier et obtint le triomphe classique en lisant ses pièces. On entendit le certificat du médecin attestant la bonne santé du jeune Alembert, et la lettre de l’enfant, où celui-ci avouait à un ami : « Je voudrais bien être auprès de papa ! » Et l’avocat dévoila la malice de la mère couvrant cette ligne d’un gros trait d’encre. Plusieurs dames se mouchèrent en sourdine. Henriette, tournée de profil, regardait son vieux maître, et ses traits décelaient une nervosité très vive. Enfin, ce fut la péroraison, dite selon la mode nouvelle qui veut la voix d’autant plus mourante, plus prête à défaillir, que l’effet atteint à plus de puissance.

Et Fabrezan se tut. On n’entendit, dans le silence, que le feuillètement des pièces remises au dossier. Aux derniers bancs, des femmes se levèrent pour apercevoir l’avocate. Leurs chapeaux gênant le public, un murmure éclata : on leur cria de s’asseoir. Et le chignon blond d’Henriette apparut avec ses épaules frêles drapées de noir.

Les dernières ondes de la grande voix célèbre vibraient encore sur l’auditoire, quand la parole fraîche, légèrement haletante, de la délicate jeune femme surprit le public. Elle s’exprimait lentement, cherchant un peu ses mots. L’ampleur de la salle noyant son organe, un nombre restreint de personnes entendirent son début. Il fut ingé-