Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/185

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reau. Vélines pensait que c’était en effet très bien. D’ailleurs, les idées les plus diverses se heurtaient en lui à mesure que sa femme parlait et l’étonnait davantage.

Elle prononçait maintenant un réquisitoire contre Alembert. Elle avait préparé déjà sa défense dans ce sens-là. Mais, véritable avocate-née, à entendre tout à l’heure dans la bouche de l’adversaire l’apologie du mari coupable, elle avait senti une verve nouvelle jaillir de sa féminité révoltée, et c’était presque d’inspiration qu’elle parlait à cette minute. Les phrases partaient toutes seules. Ce n’était plus le beau français de Fabrezan, qui n’observait jamais plus sa forme qu’à l’instant où il semblait s’exalter le plus et perdre tout sang-froid. La petite Vélines laissait « causer » son émotion ;

« Ah ! l’on voulait innocenter ce mari. Ah ! l’on permettait toutes les infidélités de l’homme, sous prétexte qu’elles n’étaient pas sérieuses !… Mais alors, que deviendrait le cœur des femmes, des nobles femmes pareilles à sa cliente, vouées tout entières à la religion du mariage, à sa pureté, à son intégrité ? Non, non, le tribunal n’aurait pas de blâmable indulgence. Il se souviendrait de son premier jugement. Avant d’attribuer, pour la seconde fois, la garde de l’enfant à l’un des deux époux divorcés, il se demanderait, dans l’intérêt du jeune garçon, lequel serait le plus apte à conduire cette âme nouvelle, du père