Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/186

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faible, léger, incapable de garder son serment, soumis au pouvoir de la première courtisane qui passe, ou de la mère impeccable qui, dans les sables mouvants du monde parisien, apparaissait comme une statue de dignité, la mère forte, d’une inflexibilité morale antique, ayant de ses propres mains brisé une chaîne aussi chère, pour n’avoir pu la porter plus longtemps avec honneur !… »

La salle s’obscurcissait. Les quatre coins du plafond s’illuminèrent, et l’on vit ressortir de chaque sombre caisson le dessin d’or des grandes étoiles. Tout le détail du public se discerna comme en plein jour. Beaucoup de personnes étaient entrées encore. Il y avait près de la porte une cohue, au milieu de laquelle brillait le shako à chaînette de cuivre d’un garde municipal. Çà et là, au hasard, dans tout ce monde noir, la tache blanche des rabats indiquait des avocats. Et la frêle jeune femme dressée à la barre tenait toute cette foule immobile, anxieuse.

— Quoi, messieurs, disait-elle, alors qu’entre ces époux désunis un désaccord nouveau s’élève au sujet de l’éducation du fils, vous dénieriez à cette mère admirable le droit de l’emporter ? Pour engager cette procédure, monsieur Alembert s’est fondé sur ce prétexte que la mère négligeait les études de l’enfant. Il n’en est rien, messieurs ; et si ma cliente retarde encore d’une année ou deux le régime de l’externat, je puis prouver, par les cahiers du jeune Alembert, que l’instruction