Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/188

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qui la faisait, pour le moment présent, et quelle que fut l’excellence des professeurs choisis par elle, le meilleur maître de son fils, auquel chacune de ses heures était vouée. Puis, soudain, elle s’arrêta. Depuis quarante minutes elle était debout, parfois exténuée jusqu’à s’appuyer de ses deux mains nerveuses à la planchette de la barre, ce qui avait été son seul geste. Elle demanda un répit, et le président proposa une suspension d’audience ; elle ne voulut point l’accepter. Il offrit de remettre l’affaire à huitaine, mais elle se récria :

— Non, non, monsieur le président, à huitaine je ne pourrais plus.

Ce ne fut qu’une pause de quelques minutes. Elle se redressa d’un effort, reprit la parole, disant qu’elle abrégeait. Et sa plaidoirie dura cependant plus d’une demi-heure encore. Elle argumentait serré A la fantaisie parfois exaltée et bien féminine de sa première partie, succédait une méthode scientifique, et elle déballa un stock d’arrêts de la cour, de jugements du tribunal sur le droit de puissance paternelle en des procès d’attribution d’enfants, et elle ne fit pas grâce d’un attendu. Ce fut souverainement ennuyeux et toutefois étrange. Cette femme si juvénile et si docte, étalant toute cette jurisprudence avec son air de petite fille, passionnait les juges. Fabrezan riait sous cape. Le groupe des avocats, très intéressé, murmura :