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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/189

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— Elle est épatante !

André Vélines éprouvait un malaise. Sans qu’il démêlât au juste pourquoi, il ne lui était pas agréable que sa femme tint en haleine deux cents personnes, aux yeux rivés sur elle des heures durant. Puis il lui en voulait de lui avoir dérobé jusque-là son talent, pour le lui révéler aujourd’hui en même temps qu’à cette foule étrangère. Il la jugeait en faute. Ses confrères venaient lui dire à l’oreille.

— Mon cher, elle est renversante, votre femme !

Il souriait de l’air entendu d’un homme qui a surveillé de près la besogne :

— Oh ! voilà des mois, aussi, qu’elle potasse cette affaire !

S’il n’était pour rien dans ce succès, il lui déplaisait qu’on le sût.

Henriette terminait par un résumé qui fut concis, net jusqu’à la sécheresse, mais qui plut aux juges et que les professionnels apprécièrent. Le silence se fît. La nuit était venue. L’avocate s’assit, défaite, anéantie. La bonne mademoiselle Angély, hors d’elle-même, s’avança, lui broya les mains :

— Quel triomphe ! quel triomphe !

Elle n’en pouvait dire davantage. Vélines, à son tour, se glissa jusque Henriette :

— Mais tu es malade ! Tu es allée au delà de tes forces !… Tu as eu un grand succès, tu sais…