Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saluait, on souriait ; c’étaient de très petits indices extérieurs d’une impression profonde.

La vieille avocate, de taille encore droite et haute, agitait la tête, rendait les sourires, épiait les visages amis Alors, comme si la robe violette eût été pour toute la salle comme un signe de ralliement, voici qu’Henriette Marcadieu, abandonnant le bâtonnier, vint courant presque et toute rose de plaisir. Les trois petites stagiaires inséparables, que personne n’avait encore aperçues et qui bavardaient sur une des longues stalles de bois encastrées dans la muraille, Louise Pernette, Jeanne de Louvrol et Marie Morvan se levèrent en hâte. Pareilles à trois gentilles muses noires et rieuses, la toque un peu branlante, elles fendirent les rangs des grands confrères pour venir entourer leur maîtresse. Une jeune femme aux traits fatigués, avec de beaux yeux bleus flétris et pensifs, approchait à son tour : c’était madame Martinal, qu’on aurait dit exténuée sous le poids de sa serviette bourrée de dossiers. Son mélancolique visage s’éclaira Mademoiselle Angély qui les appelait toutes ses chères filles, et qui semblait jouir de régner ainsi, mystérieusement, parmi ces jeunes femmes dont elle avait pétri l’intelligence, serra plus longuement la main de la veuve.

— Eh bien ma brave petite, pas trop fatiguée aujourd’hui ?

Elle s’était enthousiasmée pour l’énergie de