Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui n’ose guère faire montre de ce que promet son jeune esprit. Mais Isabelle Géronce, dont la coquetterie et les histoires sentimentales étaient bien connues, sans qu’elle s’en doutât, répliqua d’un air digne :

— Surgères, cette fois, a raison. Puisque l’homme prononce les mêmes serments que la femme, pourquoi n’y serait-il pas assujetti comme elle ? On dit que l’adultère de la femme a des conséquences désastreuses pour le foyer, puisqu’il peut y introduire un rejeton étranger. Mais, à priori, le père qui se crée hors du foyer des obligations paternelles, ou qui compromet simplement le bien-être de sa famille légitime et l’avenir de ses enfants pour satisfaire un caprice, faut-il l’innocenter ?

— Parbleu ! s’écria madame Clémentin, dont le vulgaire esprit avait été frappé de cet argument pécuniaire.

Mademoiselle Angély posa doucement les pincettes près des chenets, et, de son beau contralto un peu éteint, articula :

— Quand on cherche une règle de vie pour les femmes, il n’y a pas tant à s’inquiéter de leurs droits qu’à déterminer leurs devoirs ; les féministes devraient bien y songer, ma bonne madame Surgères. À quoi vous sert d’énumérer aux épouses les égards qui leur sont dus ? À quoi bon leur démontrer quelle grave injure elles reçoivent du fait de l’infidélité maritale ? Vous savez bien