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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/203

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que les hommes tromperont toujours les femmes plus qu’ils ne seront trompés par elles, car ils sont les plus sensuels. Alors, ne vaudrait-il pas mieux considérer la vie conjugale au point de vue de l’enfant, qui est l’être le plus intéressant de la trinité familiale ? Je ne connais les malheureux époux dont il s’agit que par les plaidoiries de l’autre jour, mais j’imagine le sort du petit garçon que s’arrachent cet homme et cette femme. À l’âge où l’affectivité s’éveille au contact des tendresses paternelles et maternelles, il a vu ses parents subir le pire orage sentimental. Ces gens, en brisant leur chaîne, ont aussi brisé l’âme de leur fils. Qui saura jamais si ses secrètes préférences étaient d’accord avec la décision des tribunaux qui l’ont confié à sa mère ? Et si ce pauvre enfant regrettait, par hasard, la présence de son père, concevez-vous quel serait, dans un cœur d’une délicatesse précoce, le chagrin muet qu’un instinct l’obligerait à ne jamais avouer ? À d’autres de délibérer sur les droits de la mère offensée ; moi, j’estime que son devoir était de pardonner pour sauvegarder, avant son prétendu honneur, l’atmosphère de tranquillité spirituelle où doit croître un enfant. À mon sens, la véritable dignité pour une femme, c’est avant tout de s’oublier pour l’être qu’elle a appelé à la vie.

On avait écouté en silence la vieille fille qui, à force de charité, d’abnégation et d’idéal, s’était créée, elle aussi, en se dévouant à tous les enfants