Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/204

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déshérités, une maternité magnifique, maternité qui la faisait respecter comme si des milliers de mères vivaient en elle. Mais elle n’avait pas achevé, tirant encore sur ses hanches les basques de son éternelle robe violette, que madame Surgères, emportée par la combativité de son tempérament, partait en guerre contre les idées rétrogrades qui ont fait jusqu’ici, sous la férule du devoir, l’asservissement des épouses Elle dit la créature diminuée qu’était devenue la femme, sous prétexte de mariage et de procréation. Et, pour affermir sa thèse, elle cita la déclaration d’une féministe militante :

« Non, la femme ne se doit ni à son mari, ni à ses enfants, parce que chacun de nous ne se doit qu’à lui-même. L’individu est fin en soi et ne peut être considéré comme le moyen d’un autre individu. Dans une société comme je la comprends, l’amour et la maternité seront un épisode dans la vie des femmes, ils ne seront, plus son histoire… »

Alors la tranquille Martinal, qui n’aimait point à discuter, mais conservait pourtant son franc parler, partit d’un bel éclat de rire Puis aussitôt :

— Pardon, chère madame Surgères, mais vous savez, je ne puis pas être féministe et vos orgueilleux aphorismes me semblent si drôles quand je pense à mes trois petits chéris, ma joie, ma vie, toute mon histoire !… Vous appelez cela un