Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/205

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épisode, vous autres ?… Mais, tout de même, selon vous, qui sera responsable de ces petits êtres impuissants et débiles, sinon celle qui les a mis au monde sans qu’ils l’aient voulu ?

Elles allaient s’échauffer, lorsqu’on entra dans la salle à manger. Deux nouvelles venues la traversèrent, qui allaient faire diversion. C’étaient Louise Pernette et Henriette Vélines. Un murmure flatteur accueillit cette dernière, la jeune célébrité du jour.

Elle arrivait toute moite de l’humidité du soir, des gouttes d’eau à sa voilette, ses beaux cheveux blonds luisant comme de la soie sous son grand chapeau noir. Elle était jolie et rieuse ; elle émettait depuis son succès un rayonnement de gloire, et l’on éprouvait devant elle le mystérieux attrait du talent. Toutes l’entourèrent. Seule mademoiselle Angély s’occupa de Louise Pernette, qu’elle savait triste. Elle la prit à part, lui dit quelques mots : un secret était entre elles. Isabelle Géronce fut superbe d’aplomb devant la petite stagiaire. On la vit quitter madame Vélines au plein d’une causerie très animée, et, dans sa toilette somptueuse, toute bruissante des menus affiquets d’or et de pierreries que veut la mode, venir à la simple Louise vêtue de lainage bleu. Elle lui serra la main, lui tapota familièrement l’épaule, disant :

— Eh bien ! plaidons-nous bientôt ?… Voilà longtemps qu’on n’a pas entendu cette jeune fille-là !