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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/207

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elle passait en jugement pour vagabondage. Le tribunal l’avait acquittée comme ayant agi sans discernement et l’avait confiée jusqu’à sa majorité à la colonie d’Ablon, d’où mademoiselle Angély venait de la retirer depuis huit jours, séduite par son regard loyal et ses bonnes notes… Ces dames durent subir la présentation de la petite prostituée. On devinait de quelle affection inspirée mademoiselle Angély chérissait cette naufragée sauvée de la boue parisienne.

— Vois-tu, Palmyre, disait-elle avec cette autorité qui s’alliait étrangement chez elle à toutes les faiblesses de la bonté, vois-tu, Palmyre, ces dames sont des avocates qui s’occupent de pauvres petites filles comme toi. Elles sont bien contentes, aujourd’hui, de te voir sage. Allons, remercie encore mademoiselle Pernette, qui a été si bonne pour toi !

Palmyre, intimidée, fit la sotte. Au banc des prévenus, elle avait naguère vertement répondu au président qui l’interrogeait ; même elle avait eu, quand les gardes l’emmenaient, l’invective classique à l’adresse du tribunal. Mais, dans ce salon, devant ces femmes du monde, embarrassée de ses mains qu’elle venait de libérer du plateau japonais, elle se cacha le nez dans sa manche, fondit en pleurs, puis se sauva vers la cuisine.

— Ah ! murmura mademoiselle Angély en regardant fixement Louise Pernette, la moisson est mûre : nous avons besoin d’ouvriers.