Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/212

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mesure de votre idéal. Il faut bien le confesser, quand je suis entrée dans l’Ordre, je n’ai pas regardé si loin, je n’ai pas cherché un beau rôle » je ne me suis guère soucié d’enfants à régénérer. Des enfants, j’en connaissais trois : les mien !… Ils étaient sans ressources, sans soutien, et moi, je n’étais qu’une pauvre petite femme bien malheureuse cherchant à gagner sa vie. Pour nourrir mes petits, j’aurais vendu des pommes. Je savais un peu de droit : j’ai essayé de vendre le peu de droit que je savais, voilà tout. Mes chéris grandissent ; maintenant j’arrive à les faire vivre modestement ; je ne suis pas héroïque, c’est vrai, mon œuvre est minime ; j’élève humblement mes trois petits hommes ; mais, pour mes faibles épaules, je trouve déjà que c’est assez.

Alors madame Surgères protesta : « Non, non, ce n’était pas assez !… » Et, sa soucoupe d’une main, l’index de l’autre passé dans l’anse de sa tasse, elle donna tort à madame Martinal comme à mademoiselle Angély : « Il ne suffisait pas de s’en tenir aux siens, comme de jolis oiseaux sans pensée qui, dans toute une forêt, n’ont de regard que pour l’arbre où se suspend leur nid… » Et elle parla de solidarité, d’émancipation féminine, de lutte contre le joug masculin. « Eh ! oui, certainement, si. naguère, elle avait fait campagne pour l’admission des femmes au barreau, c’était une campagne dirigée contre l’homme, entreprise dans un esprit militant, pour faire admettre