Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/214

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— Mais il faut cependant qu’il y ait des guerrières comme vous pour creuser la trouée aux autres. Vous êtes promptes à l’exagération généreuse, et parfois vos théories extrêmes me mettent en gaîté. Vous ne reculez pas, vous autres féministes, devant l’absolu, et chez vous on ignore la modération des idées. Mais grâce à cette disposition, vous agissez. Vos principes s’établissent ; et les femmes simples et pratiques comme moi, qui ne demandent que leur place au soleil, la trouvent un beau jour faite par vous, conquise par vous, les audacieuses, les exaltées.

Et elle mit tout le monde d’accord par son calme bon sens, sa douceur vaillante envers la vie, envers les personnes. Dans la cheminée, mademoiselle Angély avait jeté elle-même de nouvelles bûches. Les trois lampes, à la longue, répandaient une tiédeur dans la pièce, où flottait encore l’arôme exotique du thé indien. Et c’était un tableau vraiment neuf que cette réunion de femmes, à l’esprit dégagé de toute frivolité, qui étudiaient consciencieusement les plus modernes des problèmes sociaux, avec autant de simplicité que leurs mères en eussent mis à raconter leurs toilettes.

Il y avait néanmoins, derrière le guéridon, la gentille madame Debreynes, très curieuse des potins du Palais, où elle n’allait presque jamais, qui se régalait aux histoires des deux petites stagiaires. Celles-là ne traînaient point, chaque