Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/23

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connaissez, mademoiselle, c’est Erambourg, le « coupe toujours » qui ne vous laisse jamais achever votre affaire… Oh ! c’est affreux, vous savez, d’avoir devant soi ce visage fripé, de fixer les yeux, en parlant, sur ces lèvres qui vont bouger, qui vont dire : « Avez-vous des conclusions à déposer ? Non ?… eh bien, vous pouvez vous asseoir… » alors que l’on commence à peine à développer son idée. Si vous étiez là, j’aurais moins peur.

Mademoiselle Angély parut désolée :

— Ma pauvre enfant ! j’ai promis à madame Géronce d’aller l’écouter aux assises, à la reprise d’audience…

Henriette Marcadieu, dont les yeux riaient de malice, l’interrompit :

— Oh ! madame Géronce, on ne va pas l’entendre, on va la voir.

Et, au souvenir de l’élégante avocate qui, selon l’expression du bâtonnier, « plaidait avec son physique », elle baissa la tête en coulant des regards significatifs aux trois stagiaires. Louise Pernette, une blonde à la grande bouche tendre, flexible comme un roseau et dont on sentait la taille onduler sous les plis amples de la robe, dit, à son tour, en étouffant son rire :

— Quand elle passe galerie Lamoignon, les avocats doivent s’écarter pour lui faire place, tant elle est juponnée et tant sa traîne est longue !

Jeanne de Louvrol rappela le maquillage de la