Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/236

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fondé de pouvoirs de la Banque Continentale lui en remontrait encore. Ce prestidigitateur vous prenait un point de droit entre le pouce et l’index, le retournait, le contournait, le détournait, faisait dire à un texte le contraire de sa signification, et Vélines, après sa visite quotidienne à la prison de la Santé ou au Dépôt, — l’inculpé allait de l’une à l’autre, — envisageait régulièrement son procès sous un angle nouveau.

Madame Mansart passait des journées entières en courses. Elle nommait, le soir, les personnes qu’elle avait vues ; elle ne les nommait pas toutes, cependant. Son mari, l’avoué de Rouen, avait à Paris, autrefois, des relations nombreuses : elle les renouait. Henriette ne lui proposait plus de l’accompagner, ayant cru, la première fois, se sentir importune. Elle ne se froissait pas, nature charmante et rieuse, aveugle à toute malice. D’ailleurs elle adorait cette vieille femme pour son tempérament, ses vivacités excessives, le bel orgueil qui en faisait un type si rare, surtout pour l’amour fou que cette créature d’exception vouait à leur cher André Le despotisme de madame Mansart eût rendu la vie commune impossible ; mais Henriette trouvait délicieuses ces vacances passées ensemble. À la veillée, elle se faisait conter les histoires de l’enfance d’André qui la ravissaient de plaisir.

Dès le 8 janvier, tout à coup, plusieurs jour-