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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/237

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naux s’occupèrent de la Banque Continentale, et donnèrent le portrait d’Abel Lacroix, grand gaillard décharné aux cheveux noirs cirés, l’air digne et portant beau. Henriette, ce jour-là trouva son mari plongé dans la lecture des grands quotidiens. On racontait l’escroquerie en ses lignes principales, on y parlait un peu de l’avocat, qui recevait en même temps un léger coup d’encensoir : il y était appelé : « le plus jeune maître du barreau parisien ». Vélines dit, affectant l’indifférence.

— Tiens ! qui donc a pu communiquer tous ces détails ?

Au fond, il jouissait suprêmement de cette mise en vedette. Ce mot : « le plus jeune maître » caressait secrètement son orgueil. Il en eut un afflux de sang aux tempes. Ce fut une délectation violente de vanité.

— Tu ne vois donc pas ? répondit Henriette, qui avait parcouru des yeux tout l’article. C’est grand’mère qui aura intrigué !…

La vieille dame, interrogée, dédaigna de se défendre : elle avoua carrément ses démarches. Et il fallait la voir, petite, redressée, la poitrine en avant, combative, défiant le monde, qu’elle prétendait mettre aux pieds de Vélines. Certes oui, elle avait fait cela. S’y prenait-on autrement lorsqu’on désirait parvenir, ou faire parvenir quelqu’un ? À quoi servirait le génie d’André, si Paris devait l’ignorer. Non, non, il fallait qu’on