Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/240

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— Mais, grand’mère, expliqua André, les avocates s’habillent comme il leur plaît. Il ne faudrait pas croire qu’il existe un type : l’avocate. Il existe des avocates, tout simplement, avec autant de types que de personnalités. Ma chère petite Henriette, vous en fournit, selon moi, le plus joli modèle ; mais nous possédons, à côté de celle que voici, ressemblant à ce que vous dites, les femmes les plus respectables, les jeunes filles les plus pures : témoin Louise Pemette, la rivale de madame Géronce.

Et, à voix basse, car, à cette heure où s’ouvrent les audiences, l’escalier s’emplissait d’un flot de gens de loi, il narra le triste roman de Louise, l’amour ingénu de la petite stagiaire et du débutant de génie, Maurice Servais, les rendez-vous dans la galerie Saint-Louis, l’impossibilité du mariage en cette période pénible de lutte que tous connaissent après l’entrée au barreau, et la grâce de cette idylle à laquelle souriait complaisamment toute cette vieille maison sévère. Puis il dit comment la superbe Géronce s’était prise d’une fantaisie pour ce glorieux enfant sur qui planait déjà la renommée future. Oh ! ce n’était pas difficile à elle de supplanter Louise : elle avait tout ; Louise n’offrait qu’une tendresse subtile, nuageuse, avec la promesse imprécise de très lointaines étreintes… Tandis que la belle Géronce !…

— Alors, interrompit la grand’mère indignée, elle l’a empaumé tout de bon ?… Il a eu le cœur