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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/242

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— C’est à celle-là que les hommes vont demander des leçons de droit ?

Ils entraient au vestiaire, où il y avait presse. Le long des armoires en pitchpin, tout un mouvement de bras de chemise se dessinait. Les plus jeunes stagiaires et les « bâtonnables », les modernes au visage rasé et les anciens à favoris, les nullités et les grands noms, tous apparaissaient dans l’intimité de l’homme qui s’habille. Et l’on voyait des bouts de bretelles, les secrets du faux col, le grain du linge. Ternisien, de sa voix théâtrale, demandait de la pierre ponce.

Vélines, qui enfilait sa robe, dut serrer la main à plusieurs amis : ils saluèrent la vieille dame. Tous s’informèrent d’Henriette et se crurent obligés à une allusion aux succès de la jeune femme. Il y avait comme un mot d’ordre qu’ils répétaient à tour de rôle :

— Madame Vélines plaide-t-elle bientôt ?

C’était à la sixième cour que venait le procès d’André. Au début de l’affaire, il y eut un rapide colloque avec le président Erambourg, dont la longue figure de cire prenait en cet après-midi de janvier, des aspects cadavériques. Impassible en son fauteuil, le vieillard demanda de son organe sépulcral :

— Ah ! maître, c’est vous qui présentez la défense ?

— Oui, monsieur le président.

— Je m’attendais à entendre madame Vélines… Le dossier du moins, me le faisait croire