Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/246

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Presque aussitôt ils aperçurent, sortant de la première chambre, le petit vieillard au museau pointu, aux deux houppettes de favoris blancs. C’était l’un des plus fameux parmi les anciens, celui qu’on avait surnommé l’Invincible, celui qui, mielleux et subtil, lançait sans même les exprimer entièrement, les arguments les plus formidables, et qu’on se délectait à entendre, car ses finesses vous procuraient toujours la satisfaction de les avoir comprises à demi-mot. Et Vélines, glorieux de l’amitié que lui montrait son grand adversaire, le vantait à madame Mansart tout en allant à lui.

Blondel, petit rat de procédure, contrastait avec ce beau gars normand. Tout son génie paraissait résider en ses yeux d’un bleu pâle. Il serra la main d’André devenu radieux :

— Bonjour, cher ami.

— Ma grand’mère et presque ma mère, monsieur le bâtonnier, dit le jeune homme, tandis que Blondel saluait madame Mansart.

Brièvement ils prirent rendez-vous pour la fin de l’après-midi, et se séparèrent sur ce mot que jeta le célèbre avocat :

— Mes hommages à madame Vélines, et dites-lui encore que je l’admire beaucoup, que si nous en avions seulement trois comme elle, je me réjouirais de voir des dames dans l’Ordre !

Ils se dirigeaient vers le vestiaire, où Vélines allait déposer sa robe, lorsqu’on vit se lever dans