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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/252

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premier petit stagiaire venu mettant toute son âme à disculper le vieux vagabond ramassé dans le ruisseau !… Les pires pouvoirs publics n’ont jamais pu tenir notre langue tant qu’il y a eu un malheureux à défendre ; et voici maintenant que des dames bien intentionnées veulent à toute force venir nous enseigner la pitié et l’amour ! Si encore elles vous ressemblaient !…

Un peu chagrinée, mademoiselle Angély hasarda timidement une malice :

— Vous affectez de dédaigner les femmes ; vous oubliez que l’une d’elles vous a sérieusement battu Je sais que vous ne lui gardez pas rancune, cependant. Cette avocate, au moins, trouve grâce devant vous. Je crois surtout que vous les admettriez toutes si elles ressemblaient à la petite Vélines.

— Eh ! oui, c’est entendu, elle est adorable ; mais faut-il la féliciter d’être demeurée au barreau après son mariage ? Il n’est pas bon qu’une femme ait tant de succès quand elle et son mari suivent côte à côte une même carrière. Certes Vélines est le plus fort des deux. Néanmoins il rentre dans l’ombre, c’est positif, depuis que l’étoile de l’autre s’est levée, car le talent de la femme provoquera toujours le plus d’admiration. Il y a là un danger pour un jeune ménage. J’ai aperçu Vélines tout à l’heure ; quelque chose en lui m’a un peu attristé ; c’était comme si les compliments que je lui adressais pour sa femme ne lui eussent pas fait plaisir.