Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/253

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— Allons donc ! Vous êtes un prophète de mauvais augure. Ces jeunes gens se chérissent : pourquoi voulez-vous qu’une rivalité mesquine les divise ?… Et qu’aurez-vous à dire, à présent, contre madame Martinal ?

— Ah ! celle-là, j’allais vous la nommer. Pour les femmes comme elle, toutes les exceptions sont permises, toutes les portes devraient s’ouvrir. L’abandonnée, la veuve chargée d’enfants qui, par un tour de force, gagne la pâture de sa nichée, n’est plus seulement une femme. Deux êtres vivent dans ces créatures-là, en vérité : un père et une mère !

— Mais, Fabrezan, pour que les veuves et les abandonnées, comme vous dites, aient un jour le moyen de vivre et de faire vivre leurs enfants ne faut-il pas que, jeunes filles, elles aient acquis déjà ce métier que vous leur prohibez ?

— D’accord, ma bonne amie ; mais, si nous nous plaçons sur ce terrain, que viennent faire parmi nous les femmes mariées dont les maris sont riches ?

Mademoiselle Angély se tut, un instant. Rien n’ébranlait sa foi. Toutes les misères de la correctionnelle passèrent devant ses yeux. Elle répondit :

— Un peu de bien, peut-être.

— Vous êtes une sainte, repartit le bâtonnier, quêtant de tranquillité avait désarmé ; donnez-moi votre main que je la baise, et formez beaucoup de disciples à votre image.