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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/254

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— Rendrez-vous Servais à Pernette ? demandât-elle, anxieuse.

Fabrezan, debout devant elle, la considérait. Sur sa large face à favoris, un sourire complaisant s’attardait, disant une de ces robustes et paisibles affections que Page n’a pas eu à modifier, qu’il n’a pu altérer. Toute sa bonne humeur était revenue comme par enchantement :

— Est-ce que je commettrai jamais le péché de vous faire de la peine ?

André Vélines eut une fin de journée occupée. Il vit Abel Lacroix à la Santé. Le terrible homme, depuis une semaine, avait aventuré son avocat en des parages imprévus de l’interprétation juridique L’un et l’autre, bourrés de droit, connaissant du code tout ce qu’on y lit et tout ce qu’on peut en déduire, prudents, experts, inventifs, retors, se traitaient l’un l’autre en hommes qui s’estiment pour s’être mesurés. Ils n’étaient plus que deux juristes en présence, — et l’attitude déférente, on la retrouvait chez Vélines qui sentait son client le dépasser.

Après avoir causé, deux heures durant, avec cette éminence de la haute escroquerie parisienne, il dut se faire conduire en fiacre, à grand renfort de pourboire, chez Blondel, qui habitait la rive droite. Et, dans cette hâte, où s’accusait sa fièvre,