Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/256

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barras pécuniaires, de légers conflits de droit, de situations passionnelles sans issue. Elle s’attardait, en rêvant, aux soins de ses cheveux, à des minuties féminines de rangements dans l’armoire. Minuit la trouva encore debout, rieuse, fredonnante. Alors le souvenir d’André, demeuré seul à travailler à cette heure tardive, l’attendrit, et elle eut l’idée de l’aller chercher en pantoufles, un peignoir blanc jeté sur sa robe de nuit, sans même interrompre le chantonnement gai qu’elle avait aux lèvres. Et elle passait ainsi, étourdiment, de pièce en pièce, quand, à l’entrée du vestibule aux estampes, sa joie tomba :

Vélines était là, sur une banquette de chêne voisine des tables où s’éparpillaient les journaux illustrés et les portraits d’Henriette. Sa main soutenait son front. À l’un des angles du plafond, une seule ampoule électrique brillait, petit fruit lumineux impuissant à éclairer toute la longueur de la galerie. On voyait miroiter aux murailles le verre des pastels ; l’or d’un vieux cadre étincelait ; les eaux-fortes apparaissaient en petits carrés gris entourés de blanc. Et la tête lourde et rasée d’André, inclinée dans cette pénombre, disait l’abattement profond de l’homme qu’une crise morale vient d’exténuer.

— André ! André ! qu’as-tu ? s’écria Henriette encourant à lui.

Lorsque Vélines, en levant les yeux, aperçut sa femme, ses traits s’immobilisèrent à la contem-