Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/257

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pler ; et elle était debout devant lui, caressant ses épaules, l’interrogeant amoureusement, qu’il la dévisageait encore d’un air anxieux. Puis, peu à peu, la fraîcheur de ce jeune corps si proche, si troublant toujours pour lui, et plus encore peut-être la force de ce sentiment d’amitié qui, entre déjeunes époux très unis, crée une cohésion des âmes si merveilleuse, opérèrent une détente chez cet être robuste, en qui les passagères excitations nerveuses étaient si peu fréquentes. Sa physionomie s’adoucit à mesure qu’il regardait le visage d’Henriette : elle l’apaisait, le transformait, comme si près d’elle il eut été à l’abri de cet orage dont il restait encore ébranlé.

— Qu’as-tu ? répétait-elle, toujours plus passionnée, plus enveloppante.

Il finit par dire ;

— Je ne le sais pas, je ne le sais pas moi-même ; j’étais très triste.

À la vérité, la secousse qu’il venait de subir dans la solitude de son cabinet, les émotions tumultueuses de soupçon, de colère, de rancune, de méchanceté, qui s’étaient heurtées en lui, ne lui laissaient plus qu’un souvenir vague et un sentiment de honte. Il lui semblait maintenant voir pour la première fois cette suave figure enfantine, à qui l’on était plutôt tenté d’attribuer un charmant esprit qu’une virile mentalité. La simplicité de ses cheveux relevés pour la nuit, l’intimité de son vêtement de batiste, jusqu’au