Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/266

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qu’ils s’étaient vus la veille, Marcel accrocha sa casquette au porte-manteau, se dévêtit de son petit pardessus. Dans l’ombre du vestibule, Alembert observait tous ses gestes.

— Que ferons-nous aujourd’hui ? demanda le père.

Marcel paraissait gêné comme un gamin que l’on envoie en visite. Il dit avec un sourire de politesse.

— Ce que tu voudras, papa.

Ils passèrent au salon. Marcel écarta machinalement un rideau, regarda le boulevard. Debout derrière lui, Alembert l’interrogeait sur ses travaux de la quinzaine, sur ses professeurs, sur la vieille servante Anna, qui l’amenait d’ordinaire.

— Ce n’est pas avec elle que tu es venu aujourd’hui ?

— Non, dit seulement Marcel.

Jamais il ne nommait ici sa mère. Il ne concevait que très obscurément le désaccord de ses parents, et, par scrupule, se refusait même à sonder le mystère. Il s’était passé quelque chose, lui n’avait pas à en juger ; cependant, par une intuition chevaleresque de petit garçon, il prenait inconsciemment le parti de sa mère, qu’il sentait offensée, se retenant même d’aimer trop ce jeune père tendre et familier dont il se savait l’idole. Et c’était pitié de voir les coquetteries de l’un, le manque d’abandon de l’autre, pendant ces brèves entrevues de quinzaine.