Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À quatre heures, on leur apporta le thé sur une table chargée de friandises. Marcel avait un gros appétit d’enfant de douze ans ; il mangeait en silence. Le père disait :

— Sers-toi… Tiens : cela vient de la rive gauche ; je suis allé moi-même, tout exprès, le chercher ce matin… Et ceci, je l’ai choisi avenue de l’Opéra.

— Merci, papa.

Il y avait aussi des fleurs fraîches, qui embaumaient. Le père n’ajoutait pas qu’il les avait eues à prix d’or : une folie de son sevrage sentimental, une fantaisie d’homme malheureux qui se satisfait avec des manifestations puériles.

Excité par le goûter, Marcel se fit plus loquace, prit ses aises, rentra de lui-même dans le salon, feuilleta des journaux. Une image éveillant ce souvenir, il conta qu’on l’avait mené au Cirque, et ce qu’il y avait vu. Il rit même à pleine gorge en rapportant les drôleries des clowns. Alembert l’écoutait béatement. Sous les doigts de l’enfant, les pages tournaient toujours.

Soudain une illustration lui arracha ce cri de surprise :

— Ah ! l’amie de maman !

Le magazine, vieux de quatre mois, représentait madame Vélines plaidant à la première chambre. On apercevait un coin du prétoire, quelques chapeaux de femme et Henriette à la barre. Brusquement, Alembert se rapprocha pour