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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/269

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sans cesse au cadran pour revenir à l’enfant illuminé par la lueur des lampes.

— C’est bien, mon petit, dit-il à la fin, tu m’as fait plaisir Ta maman me jouait aussi cela, autrefois.

Marcel, le cœur soudain gonflé, se détourna : la mélancolie de son enfance malheureuse éclatait à ce seul mot. Tous deux se raidirent beaucoup pour ne pas pleurer, et ils ne purent parler pendant de longues minutes. En attendant la vieille Anna qui viendrait à six heures, ils firent une partie de dames, en échangeant des propos quelconques. Dès que la sonnette retentit, le père ouvrit ses bras tout grands. Marcel s’y jeta et murmura très bas :

— Pauvre papa…

Et voilà deux années que les choses se passaient à peu près de la même façon, le premier et le troisième jeudi de chaque mois.

Bientôt mars arriva, et la bataille se livra plus âpre, plus tragique, autour du sage petit garçon qui faisait tranquillement ses devoirs, du matin au soir, dans le calme appartement de Passy. Le procès Alembert contre Marty devait venir devant la cour à la fin du carême. L’ingénieur, las de lutter, ne comptait plus sur rien de bon ; mais Fabrezan le pressait d’espérer. La mère, de son