Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/270

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côté, nerveuse et angoissée, qui avait dû confiera Vélines le soin de plaider en appel, le talonnait, se rendait sans cesse place Dauphine, apportant chaque fois un argument nouveau. Et, pendant que les adversaires se combattaient ainsi, sourdement, avant l’audience, les yeux fixés sur l’enfant qu’on s’arrachait, dans le ménage Vélines un autre drame mystérieux se greffait sur le premier, silencieux, discret, invisible Madame Marty l’avait provoqué d’un mot imprudent, le jour où, s’extasiant devant l’excellente mine d’Henriette, elle avait ajouté :

— En vérité, ma chère, vous vous portez si bien que rien ne vous empêcherait de mener mon affaire jusqu’au bout. Je me demande pourquoi vous ne la plaideriez pas !

Henriette s’était récriée, alléguant les émotions qu’elle ne manquait jamais d’avoir à la barre, et Vélines avait souri. Mais, tout de suite, le mal étrange l’avait mordu au cœur. Il avait vu comme une prière sous cette boutade, et le regret qu’avait sa cliente de n’être pas défendue par l’avocate célèbre. Il ne dit rien et tourna son humeur contre madame Marty.

Cependant il lui vint un désir forcené de se surpasser à l’audience. Il travaillait, chaque soir, avec une fièvre inconnue. Parfois il observait Henriette avec les yeux froids d’un indifférent : il cherchait à la juger comme si elle n’eût pas été sa femme et il lui découvrait de petits défauts, sur-