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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/277

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plus sombre que la nuit, jaillissant de la masse confuse des toits, et si familière à ses yeux, si amicale, si gracile pour un provincial qu’obséda quinze ans la tour Eiffel !

Après, ce fut en lui une cohue d’émotions : l’arrêt du train, la vision de la grand’mère s’encadrant dans une porte vitrée de la gare, l’ennui des bagages ; puis, en voiture, près de l’aïeule, la lente montée à cet amphithéâtre charmant, riant faubourg de la ville, royaume des jardins et des ruelles silencieuses, Bihorel.

Il avait grandi là, passionnément aimé sans caresses ni mièvreries, par l’énergique vieille femme qui, à son imagination, avait magnifié la vie. Quand il reconnut la maison, le vestibule, la salle à manger à gauche, et les meubles éternellement les mêmes, jusqu’au rond de tapisserie fait par madame Mansart et servant de siège au chat, devant la cheminée, il lui fallut toute sa maîtrise de soi pour arrêter ses larmes.

C’était la première fois, depuis longtemps, qu’ils s’attablaient tête à tête. Tous deux, plus remués qu’ils ne le voulaient paraître, parlaient peu. L’intimité d’autrefois cependant se renouait entre eux et Vélines retrouvait de la tendresse jusque dans le menu combiné pour flatter son goût, et qu’Henriette n’aurait jamais su composer de cette manière. Le temps était tiède. Dès le dessert enlevé, ils s’accoudèrent à la fenêtre. Au-dessous d’eux, l’amphithéâtre dévalait jusqu’au